Quelques récits pour plonger dans l'ambiance

Démarré par Lucky, 08/10/2015, 18:08:55

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Lucky

...Au sortir du bois des six monts, notre compagnie, épuisée, put enfin apercevoir, au loin, la ligne sombre des Monts Centriens, signe annonciateur de la fin de notre périple. Quelle ne fut pas ma déception en découvrant progressivement cette large chaine montagneuse qui nous barrait l'horizon. Certes, la foret de pics aux cimes crevant les nuages était des plus impressionnante, mais guère plus que les hauteurs bordant, à l'ouest, ma terre natale. Les récits qui avaient bercé mon enfance avaient-ils idéalisé la splendeur des lieux ? Ou était-ce moi qui, au fil du temps, avais enjolivé mes souvenirs ? Un peu des deux sans doute. Toujours est-il qu'en bonne montagnarde que j'étais, je me demandais quelle folie avait pu pousser l'impératrice à fonder une cité à cet endroit. Une citée ? Que dis-je... Une capitale !??...

...Approchant des premiers contreforts, nous atteignîmes Hystricum, une des nombreuses villes encerclant MagUrbis. Là, tout n'était qu'entrepôts, ateliers, saletés et mauvaises odeurs. Comme toutes ces villes périphériques, Hystricum avait pour fonction principale de rassembler et trier les fournitures et matières premières nécessaires à la capitale, mais aussi à traiter la montagne de déchets que celle-ci produisait chaque jour. Aux dires de nos guides, l'activité y était incessante. Aux cris des ouvriers répondaient les craquements et  grincements des charrettes lourdement chargées et le bruit sourd des gros soufflets de fonderie. Fort heureusement, nous n'eûmes à nous arrêter que le temps de nous réapprovisionner. J'avais entendu parler de la faune particulière qui y vivait. Ouvriers grossiers et souvent ivres, voleurs et autres rufians, corbeaux charognards, rats, chiens et chats errants : rien susceptible d'intéresser la voyageuse que j'étais...

...Plus nous approchions de la montagne Hystrix, plus elle nous écrasait de sa présence. Les parois abruptes faites d'une inquiétante mosaïque de roches plus ou moins sombres, l'absence totale de végétation et le nombre important de petits pics élancés tels les épines d'un hérisson, la rendait inhospitalière...Quand enfin vint le moment de la séparation, ceux qui avaient, comme moi, opté pour le passage du col, changèrent brutalement d'avis, autant par l'aspect malveillant de cet obstacle que par l'effort important à accomplir pour la vaincre...Je me séparais, non sans regrets, de mes compagnons qui, après des mois de voyage, avaient fini par devenir de véritables amis. C'est donc seule que j'entrepris la rude montée

Seule ? Pas tout à fait ! C'est pure folie que d'entamer pareil escalade sans la présence d'un habitué. Je me décidais donc d'enrôler un de ces guides qui, tout le long du chemin, n'arrêtais pas, de nous harceler pour les embaucher à grand frais, baissant progressivement leurs prix au fur et à mesure que nous avancions. Je finis par choisir Emelios, le moins insistant d'entre eux. La quarantaine avancé, il paraissait le moins malhonnête et surtout le moins pénible à supporter. Son salaire, le tiers des premières propositions entendues, allait fortement gréver mon budget mais il était hors de question que je me laisse enfermer, des jours durant, dans ces tunnels emplis d'air vicié, sans lumière et surtout avec toute une montagne au dessus de la tête...
Les mots de servent à rien ! Seuls les actes comptent
(Akar 27 sept 2022)